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NUMERIQUE SANTE

Recherche sur les usages numériques en santé et dans les pratiques d'éducation thérapeutique

Communication santé numérique

Publié le 20 Février 2013 par Géraldine GOULINET in e santé et e patients

Communication santé numérique

1ères recontres E santé à Bordeaux - 9 au 11 novembre 2012

Organisées au Palais de Congrès de Bordeaux par l'Union Régionale des Médecins Libéraux d'Aquitaine. Retour sur les temps forts des échanges et sur les expériences régionales les plus novatrices en e-santé.

Entre tables rondes plénières, expositions et animations sur stand, ateliers workshop, ces journées ont été le lieu d’échanges, de débats, de réflexions voir de propositions entre professionnels de santé, industriels, institutionnels, associations de patients et grand public.

Promoteur du premier Trophée E santé en Aquitaine et initiateur des passeports santé, l’URPS Médecins Libéraux d’Aquitaine signe la force de l’Union pour le développement de la santé numérique sur son territoire.

La e-santé : une nouvelle dimension, à quel prix ?

Télémédecine, téléconsultation, télédiagnostic, télésurveillance : les promesses d’une aide à l'observance des patients, à la surveillance des paramètres, au diagnostic et à l’accompagnement dans l'éducation thérapeutique ne sont plus à démontrer.

A l’heure de la désertification médicale, notamment en milieu rural, de la montée en charge du vieillissement de la population, d’une difficulté accrue d’accès aux soins et d’une précarisation sociale, la e-santé se doit d’être un levier pour une médecine de proximité à la recherche d’efficience.

QUESTION d’espace

L’étude comparée de deux expériences de télé cardiologie en milieu rural proposée en atelier par les Docteurs Dary (cardiologue au CH de St Yrieix) et Faroudja Deveaux (médecin généraliste à St Pardoux la Rivière) auprès de patients souffrant d’hypertension et d’insuffisance cardiaque a montré des résultats probants en termes de coordination des prises en charge, de gain organisationnel et financier ainsi que d’anticipation thérapeutique.

L’expérience du Dr Dary avait pour objectif d’évaluer la faisabilité de la télésurveillance des chiffres tensionnels obtenus lors d’un suivi en auto-mesure sur trois pathologies cardiaques (Arythmie par fibrillation, insuffisance cardiaque et hypertension artérielle) auprès de 150 patients. Cette réalisation de télémédecine est l’exemple d’une coordination réussie et efficace. Structurée sur trois départements (Dordogne, Corrèze, Haute Vienne), en réseau avec trois maisons médicales et deux EHPAD, la e-santé reconfigure le maillage territorial pour assurer la permanence et l’accès aux soins. Cette médecine à distance rassure les patients, rapproche les acteurs, traite l’urgence en temps réel et prévient les risques. La e-santé, au-delà de sa capacité à rompre l’isolement du médecin, favorise l’expertise médicale, la coordination des soins. C’est l’interface légitime pour d'une part dépister, surveiller, éduquer le patient.

Autre démonstration faite par le Dr Faroudja Deveaux en Dordogne avec le système SURVICARD Pro.

Un électrocardiogramme effectué par le médecin généraliste à la MSP ou au domicile du patient, numérisé via un boitier, permet une télé-expertise et télé conseil entre le médecin généraliste et le cardiologue du Centre Hospitalier de Périgueux.

Grâce à la plateforme sécurisée, la secrétaire récupère, via le net, l’ECG et transfère les résultats sur le dossier patient ou autre application métier en moins de 5mn. Rapide, simple, efficace, le dispositif permet une médecine en temps réel et mobile grâce à sa consultation nomade (tablette, smartphone).

Avec l’accès permanent au web, la prise en charge ne s’institutionnalise plus dans un simple rapport humain, mais dans un cadre de connexions et de réseaux.

QUESTION de temps

La présentation du programme PALOMB (plateforme aquitaine broncho pneumopathie chronique obstructive) est le témoin d’un potentiel de connaissances et de savoirs au service de la pratique quotidienne des médecins. En effet, cette base de données «active» est un observatoire informatique pour les pneumologues qui permet d’aider à la prise en charge de la BPCO en Aquitaine tant dans l’observance épidémiologique, clinique que thérapeutique. Utilisé en temps réel pendant ou à l’issue de la consultation, intégré au logiciel métier, cet outil permet un suivi évolutif de chaque patient pour un «effort» technologique minime de la part du praticien.

QUESTION d’argent

Partout, et tout le temps, si la consultation numérique apporte un confort dans la recherche d’information, dans son accessibilité et son partage, la question de la disponibilité humaine pose, quant à elle, des points de divergence. Dans les exemples du télé-suivi des dispositifs médicaux implantables comme du télé-suivi à domicile du syndrome d’apnée du sommeil (programme OPTISAS) qui ont été présentés aux Rencontres, l’apport du numérique sécurise les patients satisfaits et rassurés de savoir qu’ils sont « connectés » en permanence avec un système de surveillance médicale 24h/24.

Pour les médecins, il reste un frein majeur au développement de ces télé-consultations. c’est la prise en charge du temps passé et du financement du matériel pour lesquels aucune rémunération n’est prévue. Alors, est-ce une des raisons pour lesquelles le développement de la e-santé en France piétine ?

Communication santé numérique

La e-santé, du théorique au pragmatique

Les médecins de terrain réclament des outils concrets !

Le CNOM avance 8 principes généraux : l’efficience du système de santé, l’usage éthique des technologies de l’information et de la communication (TIC), l’accès aux soins et leur continuité, le droit des patients, les pratiques professionnelles et à la déontologie médicale. Il ressort des Rencontres E-santé que les médecins de terrain, eux, réclament au quotidien un usage facile, pratique et utile de ces technologies. Des outils connectés c’est bien, mais des outils communicants c’est mieux.

La théorie

Le lent déploiement du DMP (5000 dossiers réalisés sur le territoire), malgré l’énergie et les efforts de Télésanté Aquitaine pour accompagner son développement, est la résultante d’un outil réfléchi et maintes fois remanié (dossier médical partagé, puis personnel) qui cherchait à concilier dans un même support usage professionnel et usage patient. La sécurisation des données, un des enjeux essentiels, n’a pas été pensé en terme d’interopérabilité, notamment avec les outils métiers déjà existants. Ces écarts de langage informatique conduisent certains médecins à une incompréhension du potentiel promis par cet outil en terme d’exigence de traçabilité du parcours de soin. Ils se heurtent aussi aux incohérences juridiques, tiraillés entre exhaustivité et pertinence de l’information et droit au refus de divulgation du patient de ses données médicales et obligation d’obtenir son consentement.

Espoir possible, les solutions de bureautique Santé et de messagerie sécurisée proposées par Télésanté Aquitaine, devraient permettre de pallier les réticences en s’intégrant dans un processus de sécurité embarquée (à voir si besoin d’éclairage sur la définition). En effet, sous tutelle de l’Agence des systèmes d’information partagée en santé (ASIP), Télésanté développe et promeut depuis 2010 un système informatique communicant avec le DMP. Ainsi, les structures et les médecins équipés de l'outil « Bureautique Santé » peuvent produire des documents formatés et sécurisés, constituer un dossier patient, gagner du temps médecin en déportant la gestion de leur informatique vers l’opérateur agréé pour partager des documents avec les autres professionnels de santé et alimenter le DMP.

La pratique

Dans un registre similaire, SOS médecins a présenté son dossier médical accessible par internet et en application mobile, couplé à un système de géolocalisation de leurs médecins effecteurs. Ce système permet également de communiquer avec les médecins traitants. L’agenda 5 développé par le CSRD (Cabinet de télé Secrétariat Rive Droite) ont également intéressé par leur facilité d’utilisation. Accessible par internet et en application mobile, cet agenda partagé est une centrale d’accueil téléphonique et de planification de tâches en télégestion. Avec ses fonctionnalités de traitement des appels en fonction des besoins (visite, messages, consultation), de programmation calendaire et de supervision des ressources, l’agenda propose une solution « tout en un ». En regroupant en lui seul l’ensemble des outils de communication, il optimise l’organisation de travail du médecin.

Pragmatique en devenir

D’autres expériences de dossier médical partagé et de bureautique numérique fonctionnent. Unanimement plébiscité dans le cadre des Rencontres e-santé, le projet GLOBULE, édité par la société Ki-Lab et pour l’heure réservé à certains réseaux du secteur médico-social, a séduit les médecins par son aptitude à centraliser dans sa version web et starmophone, tous les ingrédients d’une gestion efficace du dossier patient partagé (dossier administratif, éducatif, social, médical, projet personnalisé, agenda, cahiers de liaison, courriers, statistiques d'activité) avec les outil de communication (mail, sms, téléphone, échanges de notes, photos, documents) et ce, en toute sécurité. Cet outil allie agenda, partage de documents, exploitation et échanges des données (avec les logiciels d’admission, de facturation, de circuit du médicament) en plus des volets du dossier patient. Il fonctionne comme un réseau social professionnel totalement sécurisé, par conversation virtuelle et depuis le smartphone. Il représente pour la gestion d’un patient complexe à domicile, un outil de coordination médico-social pertinent et simple d’utilisation. Un début de collaboration est engagé entre Ki-Lab et Télésanté Aquitaine pour une application aux médecins.

Ces expériences répondent à un réel besoin du terrain, pratiques et faciles à mettre en œuvre elles se montrées immédiatement efficientes. Les professionnels de santé s’approprieront plus facilement ce type d’outils plus pragmatiques que les « usines à gaz » mis au point par des technocrates trop éloignés de la médecine au quotidien.

Communication santé numérique

De l’e-santé à l’e-médecin

Sur l’ensemble des ateliers organisés aux premières Rencontres e-Santé, l’idée d’une mutation annoncée des pratiques professionnelles a fait résonnance aux questions essentielles de transfert de compétences, de rémunération des actes, de temps dédié à la pratique numérique, pour le médecin comme pour les autres professionnels de santé.

Un e-médecin voué à des actes médicaux de plus en plus virtuels ? L’émergence accrue des dispositifs de santé mobile couplés au développement des neurotechnologies dédiés à une « médecine augmentée » laissent effectivement présager de nouvelles formes de pratiques et d’usages tant au niveau des médecins que des patients, rendus plus autonomes dans la prise en charge de leur maladie.

La mission essentielle centrée aujourd’hui sur le soin ne va-t-elle évoluer vers une version plus éducative par une e-éducation thérapeutique ?

L’atelier consacré aux maladies chroniques a pointé cette réflexion en présentant le projet PACE URPS MLA (Plateforme Aquitaine pour les Compétences en Education du Patient). Outre sa fonction de centre ressources, PACE accompagne l’URPS dans la réalisation d’un outil d’auto-évaluation des comportements liés à la santé. Il sera testé sur tablettes tactiles en cabinet médical ce printemps dans le Nontronnais. L’objectif pour le médecin est d’intervenir le plus tôt possible avant l’apparition ou l’aggravation d’une maladie chronique et de proposer des actions éducatives qui visent à un changement planifié d’un comportement lié à la santé. L’objectif pour le patient est de lui faire prendre conscience des répercussions de ses habitudes de vie sur sa santé. La finalité est d’engager une relation « autrement » avec les patients. Nouveau support d’appropriation éducative des patients, les TIC permettent sans conteste une évolution de la posture du médecin vers de nouvelles attributions...

Quelles perspectives pour l’avenir ?

La médecine libérale est au coeur de changements socio économiques et organisationnels déterminants pour l’avenir du système de santé. Acteur de proximité, interface légitime pour dépister, surveiller, éduquer le patient, elle doit défendre cette expertise médicale avec des outils numériques choisis et testés par elle et pour elle, en collaboration avec les industriels, les institutionnels et dans le respect des fondements éthiques. Parmi les pistes à creuser et avancées aux Rencontres e-santé 2012 : les expériences ont montré la nécessité urgente de recenser l’existant, de sélectionner les expérimentations pouvant faire l'objet d'une modélisation viable et répondant à un réel besoin des professionnels de terrain afin qu’elles soient labellisées.

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